Trageco: une histoire de famille

Depuis sa création, il y a près d’un demi-siècle, Trageco a connu une croissance linéaire. Une progression qui, en dépit de la crise économique et du sous-investissement public, se poursuit immuablement et a d’ailleurs valu à la société de figurer ces trois dernières années au classement des «Trends Gazelles» de la Province de Liège dans la catégorie «Moyenne entreprise». Une belle reconnaissance pour cette société familiale de travaux publics et privés, soucieuse du travail bien fait et qui a su se ménager une clientèle fidèle dans toute la province de Liège.

 

 

Trageco, c’est effectivement une histoire de famille. Une histoire qui prend naissance en 1968 quand Benoît Lecoq crée son entreprise générale de construction: Trageco. Celle-ci réalise l’essentiel de ses activités dans le domaine du génie civil (70%), le solde étant dévolu à la construction de bâtiments publics et privés. Premier ralliement familial en 1973 quand Roger Lecoq, le fils aîné de Benoît, rejoint l’entreprise pour s’occuper du segment bâtiments publics et privés, un domaine d’activités que Trageco désire quelque peu étoffer. Il est rejoint, quatre ans plus tard, par son frère Freddy qui, lui, s’occupe plus spécifiquement de l’activité réalisation de voirie ainsi que de la pose d’égouttages et de conduites d’eau. Toujours dans l’optique de prendre sérieusement pied dans le secteur des travaux publics en bâtiment, une nouvelle société est créée en 1985: Trageco Bat, une entreprise de construction dont Roger Lecoq assure la direction.

 

Trageco poursuit sa politique de diversification au cours de la décennie suivante en rachetant, en 1995, le département belge de SITP, une société de droit allemand qui possédait une carrière en activité à Waimes, la commune où se trouve le siège de Trageco. Quatre ans plus tard, l’entreprise fait l’acquisition d’une centrale à béton qu’elle implante sur le site de la carrière de Bouhaye-Steinbach. «Cette double diversification a constitué un véritable avantage pour l’entreprise dans la mesure où cela lui a permis d’être autonome au niveau de l’approvisionnement des matériaux nécessaires à son activité et d’ainsi mieux pénétrer le marché des travaux publics, des infrastructures routières, des empierrements de fondations, etc. Dans le même temps, Trageco a pu étendre ses activités en commercialisant le béton maigre et le sable stabilisé.

 

‘Trageco s’est diversifiée en exploitant la carrière de Steinbach, en investissant dans une centrale à béton et en établissant des synergies avec d’autres sociétés.’

 

Par ailleurs, l’activité «carrière» connaît également depuis plusieurs années un important essor de la vente de pierres ornementales, moellons et gros enrochements à destination des particuliers. Aujourd’hui, grâce à la proximité de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg, 5% de nos produits carriers sont vendus à l’exportation, ce qui est un plus pour notre carrière», rappelle Freddy Lecoq qui, en 1998, a succédé à son père comme administrateur délégué de Trageco.

 

En 2003, Trageco et Trageco Bat se séparent, chacune poursuivant ses activités de manière totalement indépendante. «Aucun différend familial là-dessous», sourit Freddy Lecoq, «la séparation avait été anticipée préalablement par des activités fortement dissociées entre les deux entités. Quoique séparées, les deux entreprises travaillent toujours en parfaite complémentarité, d’ailleurs Trageco Bat est en train de nous construire de nouveaux bureaux sur notre site de Waimes.»

 

L’union fait la force

 

Désireuse d’élargir sa zone de chalandise tout en établissant des synergies avec des sociétés actives dans des secteurs connexes, Trageco poursuit sa politique de diversification. C’est ainsi qu’en 2011, elle acquiert un tiers des parts de Tegec, une entreprise active dans le transport et les travaux publics (pose de conduites de distribution d’eau potable, de conduites de gaz, d’égouts et de collecteurs d’eaux usées, de câbles électriques, téléphoniques ou fibres optiques,…). «Tegec offre des services que Trageco n’offre pas, je pense notamment à la pose de conduites de gaz. Par ailleurs, cette entreprise est active dans toute la Wallonie alors que notre zone de chalandise se limite à la Province de Liège. Nous privilégions en effet un territoire géographique régional afin de profiter au maximum de l’avantage que procurent nos activités «carrière» et «béton» pour les travaux publics», souligne Freddy Lecoq.

 

Enfin, en avril 2016, en collaboration avec les sociétés Gehlen et Debrus, Trageco a encore participé à la création de la société Degetra, active dans le domaine du transport de bétons riches.

 

Ces synergies lui permettent de fonctionner en toute autonomie et de proposer à ses clients une gamme complète de services liés aux voiries. De faire face aux vicissitudes conjoncturelles aussi. «Ce n’est un secret pour personne: la conjoncture actuelle est difficile. Cela est principalement dû à deux phénomènes. Premièrement, les investissements publics sont minimes. Notre domaine d’activité «travaux» est directement touché par cette politique de restriction budgétaire puisque 90% de la clientèle est publique (intercommunales, communes, services techniques,’ Les 10% restant sont composés de promoteurs immobiliers et d’entreprises). Par ricochet, cela entraîne une diminution de toutes les activités qui tournent autour des travaux (65% de l’activité de Trageco); nos activités «carrière» (30%) et «centrale à béton» (5%) sont également impactées. Ensuite, notre secteur est touché par la problématique du dumping social. On attend depuis des mois, voire des années, une réaction des pouvoirs publics à ce sujet, mais elle tarde à déboucher sur des mesures concrètes.» Dans ce contexte compliqué, Trageco et la société Roger Gehlen viennent d’établir un partenariat en vue de renforcer la position des deux entités sur le marché. «Ce rapprochement est essentiel afin de pouvoir faire face à la conjoncture actuelle», se réjouit Freddy Lecoq.

 

Plus qu’une entreprise; un héritage à transmettre

 

Si le présent est compliqué, Trageco n’en garde pas moins son regard braqué sur l’avenir: «nous avons l’ambition de continuer à diversifier nos activités tout en maintenant la culture familiale qui nous est chère.» A cet égard, la relève est d’ores et déjà assurée puisque trois des cinq enfants de Freddy Lecoq assurent des fonctions de management au sein de l’entreprise: Gaëlle (responsable des ressources humaines et finances), Pascaline (responsable qualité et commercial) et Antoine (commandes et planning). Une culture familiale qui est visiblement partagée par la fratrie: «en Belgique, seules 10% des entreprises familiales survivent à la 3e génération et 1% à la 4e génération! Je fais partie de la 3e génération et j’avais le désir de mettre toute mon énergie dans l’entreprise afin qu’elle puisse évoluer et prendre de la valeur avant d’être transmise à la génération suivante», explique Gaëlle Lecoq.

 

A ce jour, Trageco emploie 75 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros.

 

Adie Frydman pour “La Chronique”

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